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Solidarité

Eva Gerbaud, secrétaire de l’Association des Sourds du Havre

Le 7 mai, l’association des Sourds du Havre organise un salon de thé du silence pour briser les barrières entre sourds et entendants. À cette occasion, nous avons rencontré sa secrétaire, Eva Gerbaud, qui nous parle de son engagement pour cette cause.

  • lehavre.fr : Vous êtes bénévole à l’association des sourds du Havre depuis 8 ans. Pourquoi cet engagement ?

Eva Gerbaud : J’ai toujours été très ouverte d’esprit. Je m’intéresse à beaucoup de choses pour lesquelles je m’investis toujours à 100 %. J’ai d’ailleurs commencé à apprendre la langue des signes seule, par curiosité. D’abord en lisant des livres et des témoignages, puis en rencontrant des gens de la communauté sourde. J’ai voulu faire entendre leur voix, et je me suis rapidement attachée à ces gens discrets mais si attachants.

  • lehavre.fr : Quelles sont vos missions au sein de l’association ?

E.G. : Je m’occupe du téléphone, des emails, du compte Facebook, du site internet, de la communication en général. Je suis la seule entendante donc c’est forcément moi qui réponds au téléphone ! Il faut savoir que leur langue maternelle, c’est la langue des signes française (LSF). La plupart de leurs démarches, d’apparence simples et évidentes pour nous, sont très difficiles à gérer au quotidien. Mon rôle est vraiment de leur faciliter la vie et de servir de pont entre le cocon qu’est l’association et la vie quotidienne. Pour tout le reste, ils ont des interprètes ou bien de la famille pour les aider.

  • lehavre.fr : Racontez-nous l’histoire de l’association.

E.G. : L’association a été créée en 1929 par Pierre Moignet. L’objectif premier était de lutter contre l’isolement des personnes souffrant de surdité. Dans notre quotidien, nous accompagnons nos adhérents dans leurs démarches, nous leur proposons des activités culturelles. Notre association est ouverte à tous, aux sourds, aux malentendants et aux entendants. Aujourd’hui, avec le président de l’association Emmanuel Be Bruyker et les autres bénévoles, nous voulons faire entendre la voix de ceux qui n’en n’ont pas, et nous souhaitons faire connaître ce handicap dont on parle très peu, à l’heure où 10 % de la population française est sourde et/ou malentendante.

  • lehavre.fr : Quelles activités proposez-vous ?

E.G. : Tout au long de l'année, nous organisons des moments de convivialité autour d'un repas, des conférences, d’une pièce de théâtre, des rencontres sourds-entendants, des randonnées ludiques. Nous proposons aussi des sorties culturelles, telles que des visites traduites en LSF au musée Malraux, des spectacles accessibles au Volcan et des sorties accompagnées d'un guide et d'un interprète. De plus, nous avons une réelle demande concernant l’initiation à la langue des signes qui est une langue à part entière, avec sa morphologie et sa syntaxe. Nous avons organisé plusieurs ateliers, et nous nous déplaçons également dans les Fabriques. Nous avons constaté une curiosité de plus en plus présente chez les gens.

  • lehavre.fr : Comment, selon vous, pouvons-nous sensibiliser le grand public à cette cause ?

E.G. : Il faut continuer la sensibilisation dans les écoles, les collèges et les lycées. Il faut aller au plus près des publics, notamment à Pôle Emploi où la demande est forte. Nous allons continuer notre travail de communication et sensibiliser le public, via notamment des ateliers dans les bibliothèques, les Fabriques. Pour les gens qui le souhaitent, il est possible de prendre des cours de langue des signes avec des professeurs diplômés. Ce dernier point est un vrai challenge pour nous, car la langue des signes a longtemps été proscrite en France. Cette interdiction n’a été levée qu’en 1976. En Australie, tous les enfants ont une initiation à la langue des signes, dès la maternelle. En France, les personnes sourdes sont autorisées à avoir une scolarité en LSF depuis 2005. C’est donc très récent et, hélas, trop peu démocratisé.

  • lehavre.fr : Pouvez-vous nous en dire plus sur le salon de thé du silence du 7 mai ?

E.G. : Le temps d’un après-midi, le foyer de l’association sera transformé en un chaleureux salon de thé où les invités seront servis par les membres sourds de l’association. Des menus traduits en français/langue des signes seront à disposition, et les personnes seront invitées à essayer de passer leur commande en langue des signes. Ce salon de thé a pour but de faire se rencontrer deux mondes qui se croisent peu : celui des personnes bien entendantes et celui des personnes sourdes, et de partager un moment festif où les tabous disparaissent et les barrières tombent !

Association des Sourds du Havre
associationdessourdsduhavre.e-monsite.com
Salon de thé du silence : le samedi 7 mai de 14h à 18h
Permanence ouverte à tous les mercredis soir de 18h à 20h
33 rue d'Ingouville – 06 20 73 44 76