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Culture

Guillaume Herbaut, photojournaliste, expose à la Bibliothèque universitaire

L’exposition « Ukraine, Terre désirée » retrace plus de vingt ans d’évolution d’une nation au coeur de l’actualité. C’est aussi un pays dont Guillaume Herbaut est amoureux depuis 2001. Ses 150 photos explorent des strates inédites, où l’intime côtoie l’Histoire.

Publié le 05/05/2023

  • lehavre.fr : Quand avez-vous su que vous seriez photographe et surtout photojournaliste ?

Guillaume Herbaut : Depuis l’âge de 11 ans, lorsque que je suis tombé face à une photo que Jacques-Henri Lartigue avait prise en 1905, où sa cousine semble en vol au-dessus d’un escalier. Il avait alors 11 ans, lui aussi. Je me souviens avoir pensé que la photo pouvait arrêter le temps. Mes premières tentatives avec un Instamatic se sont avérées décevantes. C’est quelques années plus tard en voyant des photos de Robert Capa que j’ai vraiment voulu devenir photographe de guerre. À 20 ans, mon voyage en Bosnie fut un échec car je n’avais pas la bonne recherche, mais j’ai pu vérifier que ces territoires ne me déroutaient pas. Du coup, je me suis orienté vers des zones compliquées, économiquement, socialement ou encore écologiquement. La guerre n’est revenue que par l’Ukraine.

  • lehavre.fr : D’où vient cette relation étroite nouée entre vous et ce pays ?

G.H. : En 2001, j’y ai fait un premier séjour pour y documenter les victimes de Tchernobyl, la mémoire de cette catastrophe et la radioactivité. J’ai été touché par les gens qui m’ont ouvert leurs portes. En même temps, les couleurs là-bas, celles de l’ère postsoviétique, mais aussi les paysages de friches industrielles et de barres d’immeubles m’ont reconnecté avec mon enfance des années 1970, en banlieue parisienne. J’y retourne depuis chaque année. L’histoire de ce pays est très forte, avec de nombreuses strates compliquées à déchiffrer. C’est un peu l’histoire de l’Europe et, plus j’y vais, plus j’ai envie de comprendre.

  • lehavre.fr : Votre regard a dû s’affûter en plus de vingt ans…

G.H. : Je suis toujours candide et j’ai l’impression de redécouvrir le pays à chaque voyage. D’ailleurs, je ne parle pas ukrainien et j’ai toujours des amis interprètes pour m’accompagner. Cela simplifie étrangement le lien et le travail, alors qu’en France, je passe toujours beaucoup de temps à discuter avec mes sujets. Pendant que l’interprète converse, j’ai plus de temps pour regarder.

  • lehavre.fr : Comment abordez-vous le sujet de la guerre ?

G.H. : Je ne photographie pas « la guerre », mais « la guerre en Ukraine ». Je couvrais le conflit au Donbass depuis 2014 mais il était très localisé. Il suffisait de s’éloigner de la ligne de front pour être en sécurité, ce qui n’est plus le cas depuis l’invasion russe de février 2022. J’étais effondré, et il m’a fallu deux mois avant de pouvoir y retourner travailler l’esprit clair. L’exposition comporte des photos prises fin 2022. Certaines personnes que l’on y voit sont d’ailleurs décédées sur le front depuis. Dans mon travail, j’observe que je recherche des lieux historiques où l’humain continue de vivre malgré la souffrance à laquelle ces sites sont reliés, comme Nagasaki, Hiroshima ou Birkenau. Je pense que l’on est construit par l’Histoire. Alors, en faisant ce travail photographique, j’ai l’impression de voir l’Histoire.

  • lehavre.fr : Justement, quand avez-vous pris conscience du caractère documentaire de ce travail de longue haleine ?

G.H. : En 2020, quand j’ai réalisé que cela faisait presque vingt ans que je traitais de l’Ukraine. En parcourant mes archives, j’ai compris à quel point elles racontaient le pays. Le projet de livre* est d’ailleurs né avant le déclenchement de la guerre. On y trouve les photos de l’exposition ainsi que mes carnets de bord tenus au jour le jour. Vous verrez que l’Ukraine n’est pas idéalisée : n’oublions pas les événements qui ont conduit à la révolte de la place Maïdan. Le système très corrompu est encore en train de se réformer, même pendant la guerre. Je suis très confiant pour l’avenir de ce pays, malgré les atrocités en cours. Les Ukrainiens savent qu’ils vont gagner.

Ukraine, Terre désirée, éditions Textuel – 49 € en vente dans toutes les librairies

Exposition "Ukraine, Terre désirée"
Jusqu’au 27 mai 2023 à la Bibliothèque universitaire
25 rue Philippe Lebon
Du lundi au vendredi de 8h30 à 19h, le samedi de 10h à 18h
Visites guidées les mardis à 12h15

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