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« Je suis fier de représenter Le Havre et les Havrais sur les mers »

Charlie Dalin, vainqueur de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre (2019) en IMOCA

Dans la nuit du 9 au 10 novembre, le Havrais Charlie Dalin et son coskipper Yann Eliès franchissaient en vainqueurs la ligne d’arrivée de la 14e Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre en IMOCA. Interview en pleine mer et en solitaire lors du convoyage retour du voilier Apivia…

  • lehavre.fr : Racontez-nous un peu cette course ralliant Le Havre et Salvador de Bahia que vous avez remportée en 13 jours, 12 heures et 8 minutes…

Charlie Dalin : Le Pot-au-noir a été le moment clé ! Charal avait une bonne avance d’une centaine de milles nautiques sur nous, puis s’est complètement englué dans cette zone. On a réussi à s’extirper du Pot en slalomant entre les nuages… On a eu un peu de réussite ! Au début, on pensait combler un peu notre retard sur Charal, puis on s’est dit qu’on allait peut-être repartir en même temps… On a vu ensuite qu’il ne repartait toujours pas et qu’on avait pris la tête ! Mais tant qu’une course n’est pas terminée, il ne faut pas crier victoire. On s’est laissé le droit d’y croire peut-être seulement une demi-heure avant l’arrivée, à l’entrée de la baie !

  • lehavre.fr : Cette course est pour le moment votre plus belle victoire. Expliquez-nous un peu votre parcours.

C.D. : Lors de vacances à Crozon quand j’avais 6 ans, ma mère m’avait inscrit à un stage d’Optimist : j’avais adoré ! En rentrant au Havre, j’ai continué ces stages puis me suis inscrit en club, passant rapidement de l’Optimist au 420. J’étais aussi en classe voile au collège Joliot-Curie. Mais je suis venu à la compétition assez tard, à 15 ans, avec mon coéquipier Thomas Auber, désormais pilote pour le Port du Havre. On allait un peu partout en France et à l’étranger. Puis j’ai commencé à être attiré par la course au large, j’étais fasciné par ces marins partant loin, je lisais tous les récits de courses… Les années de Transat Jacques Vabre, j’allais admirer les bateaux, voir le départ... Cette course a clairement contribué à ma passion ! J’étais dans la première promotion de Cédric Château, mon entraîneur en 420 à l’époque, qui vient de terminer 6e de cette Route du café aux côtés de Jörg Riechers (sur Linkt en Class40).
Après mon bac, je me suis dirigé vers des études d’architecture navale, pour avoir de quoi me retourner si je ne perçais pas dans la voile, et je suis parti pour Southampton où j’ai décroché mes diplômes d’ingénieur à 22 ans.

  • lehavre.fr : Et vous participez ensuite à la Mini-Transat (La Rochelle – Salvador, sur un 6,50 m)…

C.D. : Oui, en 2009, c’était pour confirmer que j’étais bien fait pour ça ! J’ai remporté la 2e étape, Madère – Salvador de Bahia, il y a pile dix ans. En 2011, j’ai participé à la Solitaire du Figaro, et remporté en 2012 la Transat AG2R avec Gildas Morvan. En 2014, je n’avais plus de sponsors, la Normandy Elite Team m’a alors aidé et, depuis ma carrière a décollé, avec notamment cinq podiums sur la Figaro, deux titres de Champion de France et une sélection dans le groupe Macif. Puis Apivia, marque du même groupe, m’a sollicité. On a signé le projet du bateau le 6 mars 2018 pour une mise à l’eau qui a eu lieu cet été et un plan sur quatre ans, avec notamment le Vendée Globe et la Route du Rhum en perspective.

  • lehavre.fr : Que représente cette victoire sur la Transat Jacques Vabre Normandie - Le Havre pour le Havrais que vous êtes ?

C.D. : Je n’osais même pas en rêver…  C’était déjà fou de faire cette course il y a quatre ans en tant que coskipper de Yann Eliès. Nous sommes arrivés 3e sur AG2R en IMOCA. Cette année, j’ai pris le départ avec un bateau neuf, sur mon propre projet et en tant que skipper sur le bateau. C’est quelque chose de très fort. Je pense que je m’en rendrai encore plus compte quand je reviendrai au Havre. J’ai eu énormément de messages de Havrais sur les réseaux sociaux. En fait, je n’ai pas encore totalement réalisé !

  • lehavre.fr : Vous êtes fier ?

C.D. : Je suis très attaché à la ville, fier de représenter Le Havre et les Havrais sur les mers. Pour revenir un peu en arrière, avant le départ, ça faisait un moment que j’attendais d’arriver dans la baie du Havre avec le bateau, là où j’ai appris à naviguer, devant la plage où je jouais quand j’étais enfant. C’était un moment fort ! Comme d’amarrer le bateau dans le bassin Paul Vatine, c’était très émouvant pour moi. Ma famille est au Havre : ma mère, mes deux grands-mères, des oncles et tantes…

  • lehavre.fr : Un petit mot sur le navigateur havrais Paul Vatine, disparu en mer en octobre 1999, cinq jours après le départ de la Transat Jacques Vabre…

C.D. : Il me faisait rêver, peut-être encore plus que les autres. Dans ma chambre, j’avais un poster de son bateau, Région Haute-Normandie. Je me rappelle très bien sa disparition, j’avais passé la nuit à écouter la radio pour avoir des nouvelles…

  • lehavre.fr : Que diriez-vous aux possibles futurs Charlie Dalin qui vous ont vu partir des pontons havrais ?

C.D. : Il faut croire en ses rêves ! Tout le monde n’a pas la chance d’être passionné, mais quand on l’est, il faut foncer, peu importe le domaine visé, même si on n’en est pas issu. C’est la meilleure façon de ne pas avoir de regrets.