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Culture

La Bande des Havrais : partir pour mieux revenir

Créée en 2017, La Bande des Havrais fait écho à l’invitation d’artistes internationaux dans le cadre d’Un Été Au Havre. Grâce à ce dispositif de résidence, des artistes se font ambassadeurs de leur ville aux quatre coins du monde et développent un projet de recherche ou de création dans le pays de leur choix. En 2017 et 2018, 11 artistes ont rejoint la bande. Cette année encore, la sélection est marquée par une grande diversité dans les disciplines, l’esthétique, l’expérience. Rencontre avec Claire Le Breton, de retour d’Italie, et de Black Sand, avant son départ pour le Royaume-Uni.

Claire Le Breton : "Prendre du recul sur sa pratique artistique"

Cet été, l’artiste plasticienne a mis le cap sur l’Italie. Une résidence de réflexion et de découverte qui va nourrir ses projets havrais.

  • lehavre.fr : Qu’est ce qui anime vos travaux?

Claire Le Breton : Je travaille essentiellement autour du volume, de la sculpture. Mes matériaux de prédilection sont le papier et le carton d’emballage. Plus récemment, j’ai commencé à explorer le bois et le béton.

  • lehavre.fr : Pourquoi avez-vous choisi l’Italie pour votre résidence?

C.L.B : J’ai choisi ce pays car il a compté dans l’évolution du papier, l’un des thèmes de ma résidence. Fabriano, en particulier, s’est imposée comme une étape incontournable. Cette ville est devenue dès le XIIIe siècle le centre de fabrication du papier en Europe. Elle est le berceau de deux innovations techniques majeures : le filigrane et l’utilisation de la colle animale pour fixer le papier.

  • lehavre.fr : Vous êtes partie avec un projet en tête. Comment l’avez-vous concrétisé?

C.L.B : Je souhaitais mener une recherche autour du papier, mais aussi du conteneur. Ce sont deux supports d’échange : l’un véhicule l’écrit, l’autre des marchandises. On ne les voit jamais d’ailleurs, ce qui fait du conteneur un objet mystérieux. Tout mon séjour a suivi cette idée de départ. Dans les ports de Livourne et Gênes, j’ai bénéficié des contacts donnés par le Port center du Havre, qui m’a soutenue. J’ai visité des lieux spécialisés et des musées aux collections de papiers exceptionnelles. J’ai collecté beaucoup de documents, de photos, de cartes…

  • lehavre.fr : Le souvenir le plus fort de votre voyage?

C.L.B : Sans doute une visite à Carrare, mondialement connue pour ses carrières de marbre. J’y ai découvert des techniques, visité des ateliers de sculpteurs classiques. Carrare est fascinante : tout y est blanc, immaculé. Sur le port, j’ai pris des clichés de blocs de marbre aux volumes spectaculaires.

  • lehavre.fr : Quel est l’apport d’une résidence artistique?

C.L.B : Une résidence permet de prendre du recul, sur sa propre pratique artistique, et sur son environnement. Et puis, c’est stimulant. On trouve de nouvelles idées. Me concernant, grâce à mon voyage en Italie, je peux comparer les ports italiens avec celui du Havre !

  • lehavre.fr : Une résidence est souvent une étape. Quelle suite se dessine à cette expérience de La Bande des Havrais?

C.L.B : Ma résidence s’insère dans un projet plus large amorcé en 2018 avec le Lycée Schuman-Perret. Ce projet a donné lieu à une exposition présentée à la Maison du patrimoine, « Fenêtres sur Cœurs », avec le Lycée du bois d'Envermeu et dédiée au jeu typographique Happyfont créé avec Franck Marry. De 2019 à 2021, je vais poursuivre mon travail avec cinq classes de Schuman-Perret autour du conteneur. C’est très important pour moi d’inscrire les élèves dans une recherche avec à la clé une réalisation concrète. On travaillera le papier mais aussi d’autres matériaux. Ce que j’ai entamé en Italie, je vais le poursuivre avec eux.

Black Sand : "Je vis cette résidence comme un parcours initiatique"

Avant son périple outre-manche, Black Sand parle de sa musique et de l’aventure créative qui l’attend.

  • lehavre.fr : Que pouvez-vous nous dire sur votre parcours?

Black Sand : Je n’ai longtemps juré que par les groupes de post rock… Je suis tombé dans la musique électronique par accident. Lors de mes études à Caen, je me suis retrouvé seul, sans groupe, avec un ordinateur et une forte envie créatrice. En commençant à bidouiller, j’ai découvert un monde que je n’ai plus jamais quitté. J’ai débuté par le numérique et les logiciels, puis j’ai inclus dans mes créations l'analogique, le synthé modulaire, et les bidouillages de bandes magnétiques. Il m'est difficile de définir mon style de musique, proche de l'ambient avec une pointe d'expérimentation sonore. Ce qui anime mes créations, c'est ce besoin d'imaginer un monde et une époque qui n'existent pas, mais qui sont présents en chacun de nous.

  • lehavre.fr : Comment avez-vous choisi votre destination de résidence?

B.S. : Mon projet pour Un Été Au Havre est de créer un EP (extended play en anglais), un format musical plus long que celui du single mais plus court qu'un album - voire un album si j'y arrive. Cette création se baserait essentiellement sur des sons et des images enregistrés sur place ainsi que l'achat d'un nouvel instrument. Pour ce road trip créatif, j'ai choisi le Royaume Uni, depuis Londres jusqu'à la pointe nord de l’Écosse… un lieu foisonnant de monde, de cultures, de bruits, qui propose petit à petit un espace naturel de plus en plus grand, de plus en plus sauvage.

  • lehavre.fr : Une résidence, cela représente quoi pour vous ?

B.S. : Je crois que c'est compliqué de construire un projet artistique sans s'y consacrer pleinement. La résidence permet cela. On quitte notre quotidien, notre espace de confort, et notre travail pour beaucoup d'entre nous. C’est un temps que l'on s'accorde à nous-mêmes, pour ne penser qu'à la création. La résidence permet aussi de se nourrir de cet ailleurs pour trouver un second souffle. Je n'ai jamais fait cette expérience auparavant, c'est une première de partir seul, et malgré mes appréhensions, ce voyage me sera bénéfique.