Commerce
Economie
Entreprises
Environnement
Innovation
Port

Le port libère ses énergies

Le port du Havre ouvre un à un les chantiers qui permettent au leader français du trafic conteneurisé d’entrer de plain pied dans l’avenir et de continuer à séduire armateurs, clients et prestataires portuaires. Plus vert, le port de demain sera aussi plus performant.

Bon pour le port, bon pour le territoire ?

La volonté du port du Havre d’afficher un leadership économique et écologique colle en tout cas à l’ambition du territoire. HAROPA, l’autorité portuaire bientôt unifiée du Havre à Paris, renforce sa position stratégique sur les enjeux cruciaux aux yeux des clients portuaires :

  • la capacité à accueillir et acheminer les marchandises par la route, le train ou le fleuve ;
  • l’implantation de capacités logistiques sur l’une des premières zones industrielles de France ;
  • l’intensification de la transition écologique et énergétique.

« Engagé dans un travail de long-terme, HAROPA joue son rôle d’aménageur en faveur du dynamisme de l’éco-système portuaire, logistique et industriel. Son objectif : renforcer la place d’HAROPA au sein des corridors portuaires et maritimes internationaux et devenir une référence grâce à son savoir-faire et sa proximité des grands bassins de consommation », revendique Baptiste Maurand, directeur général de HAROPA – Port du Havre.

Si un port est évalué par ses clients selon sa capacité à se transformer, alors Le Havre envoie de bons signaux qui se traduisent par des marques de confiance : nouvelles escales, implantations d’entreprises et d’entrepôts logistiques, partenariats. Dans ce domaine, la crise sanitaire n’a pas freiné la dynamique havraise et le port continue d’être au rendez-vous des mutations mondiales.

Plus de 600 millions d’euros d’investissements

dechargement-portiques-gmp-haropa-actu.jpg
Déchargement des portiques - GMP / © HAROPA

Réceptionnés l’été dernier, quatre portiques parmi les plus grands du monde viennent tout juste d’entrer en service sur le Terminal de France de Port 2000. Pesant chacun 2 100 tonnes, ces outils géants de dernière génération illustrent la mutation permanente du port. Depuis 15 ans, Port 2000 permet au Havre d’accueillir les plus grands navires de commerce jamais construits, sans contraintes de marée. Actuellement, d’importants travaux de gros-œuvre sont en cours pour achever ce port rapide et mettre à disposition 700 m de quai supplémentaires. En 2024, les nouveaux postes à quai porteront leur nombre à 14. Ils fluidifieront d’autant mieux la manutention des conteneurs destinés aux marchés français ou internationaux qu’une autre réalisation – la chatière, accès fluvial direct aux terminaux de Port 2000 – devrait elle aussi être achevée à cette date.

Un projet unique au monde

D’ici là, mi-2022, sera livré le futur parc industriel Siemens Gamesa pour la fabrication de pales et de nacelles, composants principaux d’une éolienne en mer. Il s’agit du plus important plan industriel dédié à la production d’énergies renouvelables de l’histoire en France et d’une première mondiale dans l’histoire de l’industrie éolienne : sur un même site le long du quai Joannès Couvert, les activités d’assemblage seront couplées aux opérations portuaires pour l’acheminement et l’installation de plusieurs projets éoliens au large des côtes françaises. Le programme éolien en mer ayant vocation à devenir un pilier de notre système énergétique, le site havrais deviendra une vitrine de l’innovation industrielle et génèrera environ 750 emplois directs et indirects.

La logistique poursuit son essor

parcs-logistiques-pont-de-normandie-actu.jpg
Les parcs logistiques / © Michel Bizien - GPMA

En signant la réalisation des plus grands entrepôts logistiques de France, le port du Havre voit croître sa capacité de traitement des marchandises. Sur 200 ha, les 3 parcs logistiques du Pont de Normandie affichent plus de 700 000 m² de surfaces d’entrepôts, dont 457 000 m² attendus, soit un investissement de plus de 400 millions d’euros et 2 100 emplois.

Le Havre, siège du futur port unifié

Le 28 octobre dernier, le ministère de la Transition écologique a confirmé la création d’ici le 1er juin 2021 d’un établissement unique réunissant les ports du Havre, Rouen et Paris, déjà liés depuis 2012 au sein d’un groupement d’intérêt économique (GIE) sous le label HAROPA. En 2017, Edouard Philippe alors premier ministre lançait l’idée d’une gouvernance unique pour « un port qui commence à la digue Sud et qui continue jusqu’au Pont- Neuf, à Paris, voire bien au-delà ». Pour disposer d’une réelle unité de commandement et de stratégie, la fusion des trois ports dans un établissement public unique permet de faire passer les Grands Ports maritimes d’un modèle de ports aménageurs à celui de ports entrepreneurs, tournés vers la conquête de trafics. Le Havre accueillera le siège du nouvel établissement portuaire unifié.

L’avenir s’écrit en vert

Aller vers le zéro carbone, telle est l’ambition du port du Havre qui multiplie les investissements en matière environnementale, y compris grâce au plan de relance gouvernemental. L’enjeu n’est pas mince : refondre l’éco-système portuaire et anticiper les aménagements qui correspondront aux attentes et besoins des clients portuaires. Le lien entre infrastructures et services est donc étroit puisqu’il s’agit ni plus ni moins de verdir chaque maillon de la chaîne d’approvisionnement, depuis l’accueil des navires jusqu’à la mise à disposition des marchandises chez le client final. Bien placé dans cette course qui est mondiale, Le Havre prépare l’électrification de ses quais, pour la croisière comme pour les conteneurs : en se connectant au quai, les navires n’ont plus besoin de faire tourner leurs moteurs, réduisant considérablement leurs émissions. Sous l’impulsion croissante des législations, des habitants et des consommateurs, les navires eux-mêmes font évoluer leurs équipements et modes de propulsion. Là encore, Le Havre est prêt.

Vers de nouvelles énergies

station-gnv-primagaz-actu.jpg
Station au gaz naturel / © ROAV

Déjà équipé pour approvisionner les navires propulsés au Gaz Naturel Liquéfié (GNL), le port du Havre élargit cette capacité en ouvrant des stations pour les poids-lourds fonctionnant au Gaz Naturel Véhicules (GNV). Près de 15 000 poids lourds circulent chaque jour pour transporter une partie des 70 millions de tonnes de marchandises qui transitent chaque année par le port. En proposant l’accès à des énergies bas carbone, Le Havre encourage les transporteurs soucieux de réduire leur empreinte environnementale. Autre bonne nouvelle, l’implantation au Havre de l’armateur TransOceanic Wind Transport (TOWT) qui prévoit le lancement dès 2022 de premiers cargos à voile. Le port du Havre incite ces modes de propulsion vertueux en instaurant des exonérations ou ristournes sur les droits de port : un facteur de compétitivité qui peut inciter les armateurs à privilégier la place havraise dans leurs circuits transocéaniques.

Des filières émergentes

Au Havre, la filière de traitement des déchets est un levier économique d’avenir, propice à séduire les industriels et désormais les armateurs. En effet, face à l’obligation européenne de réduire leurs émissions de soufre, de nombreux navires ont revu leur carburant ou se sont équipés de scrubbers, systèmes qui filtrent et nettoient les fumées d’échappement. Le port du Havre va plus loin en proposant un service incitatif de collecte et de traitement des déchets de scrubbers, renforçant ainsi l’écologie circulaire au Havre. La transition énergétique passe aussi de plus en plus par l’hydrogène, pour lequel l’Etat a prévu de mobiliser 7 milliards d’euros ces prochaines années. Grâce à la présence historique de raffineries sur son territoire, le port du Havre a le potentiel pour participer à la production de cette alternative aux énergies carbonées. « Il s’agit également d’être en mesure d’approvisionner de futurs navires, trains ou camions propulsés à l’hydrogène, complète Baptiste Maurand. En véritable chef d’orchestre d’une stratégie de territoire, l’autorité portuaire entend faire de la vallée de Seine une « hydrogen valley » autour de l’hydrogène vert issu de l’électrolyse de l’eau ».

Un port intelligent ? Pas bête !

Avec l’écologie, le numérique est un autre pilier de la compétitivité portuaire. Aisément accessible et connecté aux réseaux de transport, Le Havre mise aussi sur les technologies numériques pour développer les usages et les services, faciliter leur partage, fluidifier les échanges physiques ou immatériels. Partenaire du projet Le Havre Smart Port City qui vise à faire de la Communauté urbaine un territoire exemplaire en matière d’innovation, HAROPA travaille notamment sur les ressources d’informations (ou « big data ») et leur mise à disposition : en croisant les données existantes, il sera par exemple plus facile de coordonner les opérations d’accostage du navire, de manutention et de transport des marchandises, gains économiques et écologiques à la clé. Enfin, si Le Havre est l’un des onze territoires d’expérimentation de la 5G, source de nouveaux services et d’une plus grande fluidité des transmissions, HAROPA travaille également sur la cybersécurité et développe une plate-forme de cyberprotection avec des partenaires comme Airbus. Savoir parer à la cybercriminalité, c’est aussi un argument auquel les clients portuaires sont sensibles.

Cet article a initialement été publié dans le magazine municipal LH Océanes n°156 - du 16 au 30 novembre 2020.