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Solidarité

Vincent Valinducq, médecin et auteur d'un livre sur les aidants

Publié en septembre dernier, Je suis devenu le parent de mes parents relate l’expérience personnelle du Havrais Vincent Valinducq. Le succès de son livre offre l’opportunité de mieux faire connaître le quotidien des aidants et d’avancer des solutions pour les soulager.

Publié le 30/11/2023

  • lehavre.fr : Tout d’abord, quel accueil reçoit votre livre ?

Vincent Valinducq : Je suis surpris de la résonance qu’il trouve. D’abord chez les aidants, que je n’étais pas sûr de pouvoir atteindre en raison de leur implication au quotidien et de leur manque de temps : je reçois des messages de remerciement de leur part, me confirmant que nous sommes bien onze millions dans cette situation en France. Ils trouvent que j’ai mis des mots sur leur réalité, sur ce qu’ils auraient envie de relater. Ils y piochent aussi des conseils. L’ouvrage est également salué par la presse nationale, qui s’en fait largement l’écho, et par le monde politique puisque je suis sollicité par le ministère de la Santé et des Solidarités pour échanger ou participer à des tables rondes. J’ignorais que le livre toucherait autant de monde. J’ai même été contacté par des réalisateurs pour adapter le livre en film… Tout cela sera, je l’espère, bénéfique à la cause des aidants.

  • lehavre.fr : Votre expérience d’aidant ressemblet- elle à celle de tous les autres aidants ?

V.V. : Chaque aidant vit une situation différente, que l’on soit face à la maladie ou au handicap, d’un membre de sa famille ou d’une autre personne proche. J’ai été confronté à l’âge de 24 ans à la maladie de ma maman, une pathologie proche d’Alzheimer. Je l’ai accompagnée avec mon frère et mon père jusqu’à son décès en avril 2022. Entre-temps, j’avais décidé à 25 ans de quitter mon métier de docker pour étudier la médecine. Je suis aujourd’hui médecin généraliste. En tant qu’aidant – statut dont on n’a parfois pas conscience – on est tous confrontés à des situations d’isolement, à la sensation d’être perdu. Ayant la chance d’être exposé dans le monde médiatique, j’ai décidé d’écrire ce livre pour que notre société puisse entendre le mot « aidant ».

  • lehavre.fr : Quelles pistes d’amélioration proposez-vous ?

V.V. : D’abord, il faut améliorer le repérage des aidants. Leur faire prendre conscience de leur situation, c’est aussi pouvoir les orienter vers des aides possibles. C’est aussi le rôle du monde du travail ou du médecin généraliste de sensibiliser les aidants. L’accès aux aides doit être simplifié car c’est un vrai capharnaüm, tout comme le soutien psychologique qui est primordial, or l’écoute a un coût que tous ne peuvent se permettre. Prendre du temps pour soi semble aussi relever de l’évidence mais ne résiste pas toujours au quotidien des aidants qui, bien souvent, doivent aussi mener de front leur vie professionnelle et personnelle. On en retire une grande solitude, un épuisement physique et moral qui peuvent mettre en danger l’aidant.

  • lehavre.fr : Même pour vous qui étiez en études de médecine ?

V.V. : On ne bénéficie pas du recul nécessaire quand on est aidant. On est en hypervigilance permanente et l’on se sent responsable 24 h/24, d’où une culpabilité de ne pouvoir être là tout le temps. J’ai appris depuis qu’il fallait s’ouvrir aux autres, ne pas hésiter à partager son poids avec des amis, à garder du lien social. Je salue la Maison des Aidants et l’écosystème qui l’entoure, mis en place au Havre.

  • lehavre.fr : Il faut aider les aidants…

V.V. : En les aidant, on aide aussi les personnes qu’ils accompagnent. Les auxiliaires de vie sont des travailleurs formidables qui permettent aux proches aidants de respirer, de se concentrer sur les meilleurs moments avec la personne malade ou handicapée. Or, cette profession n’attire pas car elle est mal reconnue et faiblement rémunérée. Leurs « clients » sont de vrais patients. Il faut le reconnaître. Je rends toujours hommage à Sandrine, notre Mary Poppins qui a soulagé notre quotidien auprès de maman.

  • lehavre.fr : Comment avez-vous vécu la fin de la personne accompagnée ?

V.V. : Quand on perd un proche de manière « naturelle », on est évidemment dans le deuil. Pour un aidant, et en l’occurrence pour moi lors du décès de ma maman, on ressent bien sûr un vide horrible mais aussi une forme de soulagement. D’abord parce que la personne accompagnée ne souffre plus, ensuite aussi par rapport à sa propre situation d’aidant. Je me prends néanmoins encore à surveiller mon téléphone comme à l’époque où j’aidais ma mère…

Découvrez le livre
Je suis devenu le parent de mes parents, Vincent Valinducq
Éditions Stock - 19,50 €